Aurore de l'Europe

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Tuesday, February 22, 2005

Les causes de la violence policière... ou l'approche très spécifique de la Belgique sur l'alcoolisme policier

Dans le cours de mes études sur les règles de déontologie applicable à la police belge, j’ai eu la surprise de constater qu’il n’y en avait, pour ainsi dire... aucune ! En revanche, grâce au gouvernement belge, je suis venu à la connaissance d’un projet de code de déontologie (si vous cliquez sur le lien vous pourrez trouver le texte sur le site d’un syndicat de policiers belge). Avant de lire ce document (qui n’est qu’un projet), je vous suggère néanmoins de vous rendre sur le site des professeurs O’Connor et Craven qui ont un site au North Carolina Wesleyan College sur « la police dans la société » (le site est en anglais, bien entendu) et un chapitre particulier est consacré à la « déviance policière ». Je vous propose de lire la partie intitulée « Drinking & drugs abuse on or off duty » (alcoolisme et usage de drogues pendant et après le service). L’enseignant y souligne qu’il y a « des opportunités sans fin pour boire ou se droguer pendant le service (…) et les raisons pour cela sont plusieurs : planer, toxicomanie, stress, usure nerveuse, ou aliénation de son travail. (…) Cela donne un mauvais exemple pour les relations publiques. Cela affectera le jugement et conduira à une plus grande probabilité d’incidents d’usage de force mortelle, ou d’accidents de la circulation » (notre traduction).

Cela donne le cadre des conséquences de l’abus d’alcool. Maintenant, en France (et en Belgique, bien entendu), il y a une certaine réticence de la part des autorités à considérer les effets de l’alcool sur le comportement de la police, bien que les règles soient claires : pas d’alcool pendant le service. Cela se heurte à un sub-culture de l’alcoolisme chronique parmi les policiers les plus anciens, tandis que les plus jeunes tombent dans une sub-culture de l’abus de substances illicites, et de consommations mixtes… Il est vrai que cette sub-culture a une certaine utilité pour les supérieurs hiérarchiques : les forces anti-émeutes, par exemple, sont certainement plus « enthousiastes » pour disperser une manifestation, après avoir bu un peu pour maintenir le moral… Mais comme, plus récemment, l’alcool a commencé à devenir un problème, et comme il sert souvent à masquer l’usage de drogues, les autorités ont commencé à s’intéresser au problème. Certains incidents récents (ainsi le 17 octobre 2004, un policier a tué un de ses collègues dans un commissariat de la ville de Nantes en France) ont conduit à une répression accrue de l’usage d’alcool. Lisez ainsi un article du « Monde » ici sur les sanctions internes dans la police nationale en France.

Cette longue introduction visait essentiellement à attirer votre attention sur l’article 42 du Projet Belge de Code de déontologie pour la police . Cet article prévoit que si les policiers ne peuvent consommer d’alcool pendant le service, le chef de service peut autoriser pour des « circonstances exceptionnelles » une telle consommation. Même s’il est précisé que l’autorisation ne peut servir pour « aucun abus », il est facile de concevoir un commissaire de police autorisant ses hommes à boire de l’alcool pendant qu’ils attendent une manifestation dans des cars surchauffés… Le fait que les policiers alcoolisés sont plus facilement violents n’entre probablement pas en ligne de compte… Dans les faits, cette disposition est la porte ouverte à tous les abus, et devrait être effacée du futur code !
Quelle conclusion en tirer : on peut noter l’utilisation instrumentale d’un élément de déviance policière pour mieux contrôler les policiers… au prix de la sécurité du citoyen !

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