Aurore de l'Europe

Un blog destiné à informer et à entretenir le débat autour des questions de droits de l'homme et de bioéthique.

Saturday, June 18, 2005

Une victoire marquante pour l’Eglise catholique en Italie

Comme j’y avais fait référence dans mes posts précédents, le réferendum italien sur la reproduction assistée et les autres questions éthiques n’ont pas obtenu le quorum de 50 % requis pour que les résultats soient validés. Le taux de participation final était de 26 %, soit l’un des plus bas taux dans l’histoire des référendums d’initiative populaire italiens.

Cette participation très basse a conduit les analystes à examiner les causes de la victoire des opposants aux référendums à l’un ou l’autre facteur. Ainsi le magazine Panorama attribuait l’échec des référendums au « menefreghismo » (littéralement: « jemenfoutisme » - sic!) de la population à l’égard des « souffrances » des couples stériles en refusant expressément d’attribuer une influence à l’Eglise catholique. D’autres analystes, eux, considéraient qu’il s’agissait d’une victoire pour le Cardinal Ruini qui avait appelé à s’abstenir.

Autre facteur important souligné par les médias français: l’échec du référendum était la première grande victoire de la papauté de Benoît XVI, dans son combat contre la « dictature du relativisme ». Le Pape s’est en effet personnellement impliqué dans le combat, en soutenant expressément l’intervention de l’Eglise italienne dans le débat.

Si une victoire doit être constatée, alors il s’agit d’une victoire sur deux plans, pour l’Eglise, mais aussi un constat désespérant pour la société italienne.

En premier lieu, le Cardinal Ruini a eu un triomphe modeste: « Ce n’est pas ma victoire, je n’ai fait que mon devoir ». Mais, en vérité, l’échec des référendums signifiait pour le Cardinal Ruini, à la fois une victoire sur le fond et une victoire sur la stratégie choisie.

Sur le fond, le peuple italien a clairement fait savoir à ses législateurs qu’il ne souhaitait pas un retour au désordre éthique qui prévalait en Italie avant la loi « 40 ». Il faut rappeler que certains scientifiques avaient déjà annoncé leur intention de se livrer au clonage reproductif... D’autre part, le message de l’Eglise dans le domaine de la bioéthique a donc indubitablement fait l’objet d’une large adhésion populaire. Ce qui a été rejeté c’était le clonage thérapeutique, les manipulations excessives d’embryons dans le cadre de la reproduction assistée, ainsi que la FIV hétérologue (ce qui ouvrait la voie à la FIV pour les homosexuels). Cette réponse peut avoir une relation étroite avec la remontée de la pratique catholique en Italie: environ 40 % des italiens se disent pratiquants.

En revanche, le constat accablant qui en résulte est l’incapacité des partis italiens de pouvoir revendiquer la victoire d’avoir appelé à s’abstenir. Mon collègue John Allen, du National Catholic Reporter, un vaticaniste réputé, souligne le fait que ce référendum a divisé même les partis laïcs, alors que de nombreux intellectuels non catholiques ont appelé à l’abstention. Vous pouvez lire son article ici: http://www.nationalcatholicreporter.org/word/


Un exemple marquant de cet engagement des laïcs non catholiques reste la tribune publiée par Eugenia Rocella, une féministe italienne, avant le référendum, et cité par Sandro Magister dans sa chronique publiée sur le site de L’Espresso, un magazine italien. Vous pouvez lire son article ici (Italien): http://www.chiesa.espressonline.it/dettaglio.jsp?id=33503


Néanmoins, on peut noter qu’un certain nombre de vaticanistes avertis analysent clairement la victoire du référendum comme une victoire de l’Eglise. Cette victoire est probablement due au fait que dans un temps de discrédit des élites politiques, l’Eglise apparaît comme l’une des rares voix capables de faire preuve d’une neutralité éclairée.

Listed on BlogShares

0 Comments:

Post a Comment

<< Home